Les deux essais, publiés ici pour la première fois, datent de mars 1840. Leur auteur, Albert Aubert, y répond, au moins partiellement, à une question que ses amis, Eugène Fromentin et Paul Bataillard, lui avaient posée : pour être heureux, l’homme doit-il avoir de l’ambition ? Aubert passe en revue l’évolution de l’humanité, du spiritualisme métaphysique au spiritualisme laïc, et nous donne un témoignage sur l’histoire des mentalités sous la monarchie de Juillet : à l’individualisme et au libéralisme de 1789 a succédé la réhabilitation de l’intervention de l’État, afin de développer la solidarité au sein de la société. Ce débat évoque des questions qui sont d’une brûlante actualité, à une époque où nous éprouvons les limites du modèle démocratique, la crise de l’État-providence, l’essoufflement du modèle social-démocrate et la baisse d’efficacité des thérapeutiques keynésiennes. On peut y voir aussi les prémices de Dominique, le roman de 1862 quasi autobiographique de Fromentin, où la retraite souhaitée par le héros éponyme, qui se donne pour un « premier venu », comporte néanmoins une vie intérieure active et intense.